Les 10 incontournables de l’écologie industrielle et territoriale

carnet blancNous savons bien qu’il ne suffit pas d’appliquer quelques recettes magiques pour que tout fonctionne parfaitement. Cela étant, il y a certains points de vigilance, certaines exigences plutôt qui, si elles ne sont pas satisfaites, empêcheront le bon déroulement et déploiement d’une démarche d’écologie industrielle sur un territoire.

Expliciter les objectifs de la démarche Evident peut-être mais indispensable et trop peu souvent fait. Comment et pourquoi jouer si l’on ne connait pas le but du jeu? Pour les démarches d’EIT c’est la même chose. il est essentiel que les porteurs de projet expliquent, explicitent même au besoin, quels sont les objectifs de la démarche qu’ils initient? Améliorer les relations entre entreprises et collectivités sur le territoire? Soutenir la compétitivité des entreprises du territoire? Identifier des opportunités de création d’emplois locaux? Apporter de la robustesse à l’écosystème territorial? Soutenir l’innovation organisationnelle? technologique? Diminuer l’impact des activités du territoire sur l’environnement? Tous ces objectifs ne sont pas antagonistes, mais ils doivent être expliqués et priorisés afin de donner un sens clair à l’action et de permettre à chacun des acteurs de se positionner. 

Refuser le diktat des outils Ce point découle directement du précédent. Les outils sont certes indispensables, mais ils doivent être mis au service des objectifs qui ont été définis et non l’inverse. Dit autrement, on décide de ce que l’on souhaite faire et ensuite, on réfléchit aux outils que l’on va mobiliser pour cela. Tout cela est du bon sens, mais cela va mieux en le disant. Si si je vous assure. On ne se lance pas dans une démarche d’EIT avec une idée pré-conçue des outils sans avoir établi au préalable ce que l’on souhaite en faire. Enquêtes de terrain, métabolisme, ateliers, analyse macro, benchmark, veille, formations, évènementiel, etc. Tous ne sont pas utiles tout le temps partout: il faut définir et doser.

Définir un périmètre de travail Continuons sur notre lancée: on ne peut pas tout faire et une démarche d’EIT doit se donner des limites. Des limites géographiques notamment. Certes tout est relié, et le périmètre que l’on se donne n’est pas arrêté une fois toute. Le périmètre peut s’étendre et de toute façon il n’est pas étanche mais poreux à son environnement, dont il faut tenir compte. Il est malgré tout nécessaire de se donner un premier cadre de travail pour définir, de nouveau, des priorités. 

Mobiliser un réseau diversifié Une fois que ce cadre de travail est défini, c’est dans sa diversité qu’il faut l’appréhender. La force et la richesse des écosystèmes que l’on construit dans une démarche d’EIT, résident dans la diversité des éléments qui le constituent. « Il faut de tout pour faire un monde », Arnold et Willy le disaient déjà et c’est vrai. Il faut repérer les entreprises qui produisent/consomment le plus de ressources et les autres, il faut repérer les acteurs porteurs d’innovation (entrepreneurs, start up, etc.) et en capacité de les accompagner (laboratoires de recherche, etc.), il faut sensibiliser et informer les facilitateurs du territoire (Agence de l’eau, DREAL, etc.) et faire de même avec les élus locaux. Etc. Etc. Tous ces acteurs ont quelque chose à apporter, un rôle (potentiel) à jouer, qu’il faut déterminer avec eux afin d’enrichir et de fluidifier la démarche.

Ne pas sous-estimer le « temps gris » de coordination Il s’agit-là de l’erreur la plus classique lorsque l’on monte et lance une démarche d’EIT. Pour rappel, ces démarches sont complexes (Cf.  la diversité des acteurs qui peuvent/doivent y prendre part) ce qui signifie que le rôle d’interface est lui aussi complexe; il faut avoir plusieurs paires d’oreilles, de bras, de jambes pour entendre, comprendre, articuler et faciliter les relations entre toutes ces parties prenantes. Une démarche d’EIT ne fonctionne que s’il y a convergence entre les intérêts a priori différents (voire divergents) des acteurs qui y participent. Cette convergence n’est pas naturelle – sinon les démarches d’EIT seraient beaucoup plus systématiques et faciles à mettre en oeuvre! – donc demande un effort et avec, du temps. En pratique, cela signifie beaucoup de mails, de coup de fils, de rencontres terrain et de rencontres à plusieurs (réunion, ateliers, etc.) pour rendre possible et enclencher la dynamique.

Solliciter des animateurs/traducteurs Cela implique que cet acteur d’interface soit aussi un traducteur. Qu’il puisse comprendre les problématiques de tous et les reformuler à chacun lorsque c’est nécessaire. On ne peut faire un pas vers l’autre, on ne peut nourrir une convergence que si l’on comprend ses contraintes et que lui comprend les nôtres. Le porteur de projet DOIT être capable de parler à des entreprises (petites, grandes, de groupes, de transformation, de services, etc.), à des élus (locaux, territoriaux), à des techniciens, à des experts, à du public, etc.

Laisser le temps au temps… sans perdre son temps! Le tempo d’une démarche d’EIT est lui aussi très important. Si cela va trop vite, les acteurs n’auront pas le temps de s’approprier les enjeux de la démarche et ce qu’elle peut leur apporter, si c’est trop lent il y a fort à parier qu’ils se désengagent progressivement. Pas facile n’est-ce pas? Par ailleurs, il faut aussi penser dans le temps long et esquisser peu à peu les modalités de pérennité de la démarche. Vous comprenez donc que durée et rythme de la démarche sont deux choses distinctes mais essentielles, l’une comme l’autre. 

Privilégier les petits pas et entretenir la flamme Oui, on recherche de belles grosses synergies de substitution (Cf la Synergies des sables dans l’Aube pour ne citer qu’elle) mais non, on ne la trouve pas toujours, pas tout de suite et non, ce n’est pas grave. Oui, les collectes mutualisées de déchets comptent, les services partagés sur les zones d’activités aussi, et les partages d’expérience de la même façon. Une priorité pour les porteurs de projet doit être de trouver des actions qui rassemblent, peuvent être mises en place à court terme et servent de démonstrateur de la « philosophie » des démarches d’EIT parce qu’au delà des bonnes intentions et des beaux discours, le meilleur moyen pour mobiliser les acteurs reste de montrer que cela fonctionne. CQFD

Gérer les enthousiasmes Attention attention: au démarrage d’une démarche d’EIT, il n’est pas rare de rencontrer quelque scepticisme. Après les premières rencontres et parce que finalement tout ceci est gorgé de bon sens, les acteurs vont avoir tendance à attendre beaucoup de cette démarche. Un gros travail pour le porteur de projet est aussi de gérer ces attentes afin d’atténuer les frustrations éventuelles qu’elles pourraient générer. De la même manière que l’on veut des démonstrateurs pour mobiliser le plus largement possible et identifier le plus de synergies possibles, on ne veut pas de discours négatifs sur la démarche. Vous l’aurez remarqué, le positif est difficile à transmettre mais le négatif, bon sang qu’il se propage vite…!

Bâtir une gouvernance agile Le pivot de la démarche, c’est le porteur de projet, chef de projet, animateur territorial, chargé de mission économie circulaire, quelque soit son nom. Celui est au contact du terrain et des entreprises, cet interlocuteur là, ne doit pas bouger. C’est l’interlocuteur ressource, le contact privilégié, le point d’entrée dans la démarche qui donne accès aux autres parties prenantes et fait le lien entre toutes. Pour le reste, cela peut et doit bouger, être renouvelé ou en tout cas questionné. Les Comité de Pilotage principalement, doivent nécessairement 1/ être représentatif des participants à la démarche (il DOIT y avoir des entreprises dans ces instances ) et 2/être en capacité de prendre des décisions pour ajuster la trajectoire de la démarche le cas échéant.

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