« L’écologie de marché ou l’économie quand tout le monde gagne », P. Hawken

Vous en conviendrez probablement; un peu de lecture ne fait pas de mal.

PaulHawkenCelle proposée ici n’est pas nouvelle puisque l’ouvrage de Paul Hawken date de 1995 (en français, et 1993 pour la version anglaise « The ecology of commerce« ).

Mais il s’agit là d’un incontournable et ce n’est pas parce que ce n’est pas résolument innovant qu’il ne faut pas s’y intéresser. Quand en plus c’est toujours d’actualité et qu’aussi, il y parle d’écologie industrielle, on ne va pas se priver. Alors allons-y!

A noter

Vous vous en apercevrez, il ne s’agit ni d’une fiche de lecture ni d’une analyse approfondie.

L’objectif ici est de mettre en lumière et pourquoi pas de vous donner envie d’aller plus loin, de lire ce livre si ce n’est pas déjà fait, de réagir dans les commentaires si vous le souhaitez, de donner votre avis.

Faire circuler l’information, polléniser, échanger, co-construire. Modestement donc 🙂

Vue d’ensemble

L'écologie de marché, P. hawkenPublié dans sa version française aux éditions Le Souffle d’Or, il est constitué de 12 chapitres développés en moins de 300 pages:

  1. Une cuisante ironie
  2. La mort d’une naissance
  3. La création du déchet
  4. Des parkings à déchets
  5. La solution Pigou
  6. Question de taille
  7. La vie privée et le droit des entreprises
  8. Entreprise et communication
  9. Une chance pour la petite entreprise
  10. Restaurer la surveillance
  11. Le saumon rose et les écotaxes
  12. Le futur: un cadeau inestimable

Quatrième de couverture

« L’écologie a toujours été en butte au système économique qui est le système d’organisation humaine le plus puissant, celui qui domine notre destin.

La recherche du profit à court terme va totalement à l’encontre de la santé de l’environnement et par conséquent de notre santé. Nos aliments sont contaminés par des produits toxiques, l’eau potable disparaît, les produits cancérigènes nous environnent de toutes parts, et, pire que tout, la pollution est en train de modifier notre patrimoine génétique et d’affaiblir notre système immunitaire. Que seront les humains de demain?

Le capitalisme sauvage est le principal responsable de cette autodestruction du genre humain. Pour lutter contre ce fléau, Paul HAWKEN invite à se battre sur le même terrain que ceux qui ont le pouvoir de changer les choses: les économistes et les politiques.

Pour faire cesser les nuisances du « consomme localement, pollue globalement » désormais totalement inadapté, l’auteur propose un système économique réparateur. Il s’agit de démontrer aux décideurs en les associant à cette réunion du système commercial que l’intérêt à long terme sera aussi bénéfique et permettra de développer une nouvelle économie.

Plein de bon sens élémentaire et bourré d’exemples pratiques qui facilitent la compréhension de son propos, « L’écologie de marché » permet de lutter contre ce sentiment d’puissance qui force à la résignation: « je sais que des problèmes existent, mais tout seul, que puis-je faire? » Cet ouvrage nous apporte justement des possibilités d’actions réalistes, des solutions applicables immédiatement pour tendre vers un système économique plus juste et plus respectueux de l’environnement: écotaxes, intégration des coûts externes, produire sans polluer, donner du sens au travail de chacun. Afin de comprendre ce qui se cache aujourd’hui derrière le mot « écologie », ce libre est un rappel didactique à la portée de tous. Les grands problèmes de l’écologie y sont traités dans la perspective du système économique qui les génère. Nous connaissons à présent les causes, Paul HAWKEN nous donne aussi les remèdes et nous n’avons plus qu’à nous prendre en main. Un livre visionnaire et pratique qui interpelle chacun dans sa vie quotidienne. »

Voyez vous-mêmes

Quelques morceaux choisis pour que vous puissiez vous faire une idée du style d’écriture, de l’état d’esprit et du ton du propos.

Critique

Il n’y a pas de manière douce pour dire que le commerce est en train de détruire le monde. p.18

Comme une grande partie de la population est maintenant employée par ces grandes corporations, celle-ci voit ses intérêts liés aux succès et à la croissance de ses employeurs. Une telle allégeance ressemble beaucoup à celle qui soutenait les baronnies féodales; le serf préférait un quelconque seigneur à l’incertitude de n’en avoir pas. p. 24

Si le libre marché est si efficace, pourquoi, quand elle touche à l’environnement, l’économie en général est si inefficace? La réponse est simple: les marchés sont formidables pour fixer lesprix, mais ils sont incapables de reconnaître les coûts. Nous avons des marchés libres qui causent nuisances et souffrances aux communautés naturelles et humaines parce que les prix du marché ne reflètent pas les vrais coûts des produits et des services. p107

Le marché est un système basé sur les prix, il favorise naturellement celui qui arrive avec les prix les plus bas, ce qui, souvent, signifie avec le taux le plus haut de coûts non reconnus. p114

Direct

L’industrie se confronte à trois problèmes: ce qu’elle prend, ce qu’elle en fait et ce qui en résulte, les trois étant intrinsèquement liés. Premièrement elle prend trop dans l’environnement; ensuite les produits qu’elle génère nécessitent trop d’énergie et sont trop polluants; enfin les méthodes employées et les produits eux-mêmes engendrent des quantités extraordinaires de déchets qui font du tort aux générations présentes et futures de toutes les espèces vivantes. p29

Il faut redéfinir complètement ce qu’est le commerce en cette fin de XX° siècle, au moment où la science nous dit clairement, sans le moindre doute, que nos activités actuelles sont en train d’éteindre la vie sur terre. p88

Exaspéré

Cela ne peut pas durer indéfiniment, en fait, cela ne peut certainement pas durer au-delà d’une vie humaine. En ce moment, pour compenser les limitations de production dues à l’aspect fini de l’environnement, on augmente la vitesse à laquelle on pêche, on cultive, on déforeste ou on extrait les ressources. en d’autres termes, au lieu de relever le défi d’un environnement limité de manière créative, on refuse de voir le problème et l’on compense en exploitant encore plus avidement les richesses naturelles. La science, tout comme le bon sens, nous prédisent qu’une telle extravagance ne peut que nous conduire à la catastrophe. Non seulement on vole le futur, menaçant la société humaine à long terme, mais on met aussi une incroyable pression sur les autres espèces dont la vie dépend aussi de ces ressources. p44-45

Il est intéressant de noter que la peine de mort pour les individus est moins controversée que l’éventualité d’un droit à la fermeture des entreprises. Combien de victimes doit faire une entreprise avant que l’on se demande si elle a le droit d’exister? p168

Nous sommes tellement meurtris par les absurdités du système actuel que nous ne voyons même plus l’intérêt des autres possibilités. p237

Convaincu

Dans l’ordre des choses, chaque transaction est petite, apparemment sans conséquence, mais chacune est l’occasion de créer un vrai changement. p186

L’économie réparatrice présuppose que si l’on informe honnêtement les gens, pas seulement sur les prix, mais aussi sur les coûts, cela conduira à des prises de décisions intelligentes et adéquates qui amélioreront leur vie et la vie autour d’eux. p213

Que l’on parle des rennes de Lapland, des algues ou des bactéries, la morale des croissances exponentielles reste toujours la même: quand une espèce se lance dans la croissance exponentielle sans égard pour la charge maximale, elle est condamnée à un sort ignoble. P276

Promoteur de l’écologie industrielle…

Tous les systèmes industriels deviennent ridicules si l’on compare leur efficacité à celle des systèmes naturels de production. Rien ne peut produire plus avec si peu. Sachant cela, l’évidence désigne la nature comme l’exemple type de ce que doit être une forme plus évoluée d’économie. p40

L’écologie industrielle offre pour la première fois un outil intégré de gestion à grande échelle qui conçoit les infrastructures industrielles « comme si elles étaient une série d’écosystèmes artificiels entremêlés faisant l’interface avec le grand écosystème naturel ». Pour la première fois, l’industrie va au delà de sa méthode d’analyse du cycle de vie des objets pour appliquer le concept d’écosystème à une vaste opération industrielle liant le « métabolisme » d’une entreprise à celui des autres. p93

Il nous faut réconcilier les différents concepts d’efficacité afin d’y inclure les communautés naturelles et humaines, une union qui est inhérente à une vraie définition de l’économie mais qui est tenue à l’écart par notre pratique actuelle. L’efficacité devrait être le point commun entre l’économie et l’écologie, c’est le pont qui peut nous amener à une économie réparatrice. p242

… et de l’économie circulaire

L’activité biologique cyclique ne peut qu’être la seule source de la vie, parce que tous les systèmes linéaires, par fonction et par définition, sont limités et peu viables. p82

En conclusion

J’ai été très intéressée par ce livre.

Oui sur certains aspects il date un peu, mais de manière générale il est toujours grandement d’actualité ce qui n’est peut-être pas, au passage, une excellente nouvelle.

Non il n’a pas la neutralité bien pensante de l’universalisme de salon mais en ce qui me concerne, je suis convaincue que c’est aussi comme cela que l’on progresse: en disant les choses, en disant des choses quitte à se tromper. Essayons pour avancer. Personne n’a jamais appris à nager sans mettre un pied dans l’eau; oui, il faut se mouiller et Paul Hawken ici nous en fait une croustillante démonstration.

 

4 comments to “« L’écologie de marché ou l’économie quand tout le monde gagne », P. Hawken”

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  1. Aurore Naudin - 19 Fév, 2013

    Belle synthèse d’analyse !

  2. Aldérane - 11 Avr, 2013

    Merci!

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