« C’est de l’EIT ou pas? »
Grande question que celle de déterminer ce qui est de l’écologie industrielle et territoriale et ce qui n’en n’est pas. Elle pourrait sembler incidentielle mais elle ne l’est pas tant elle revient souvent dans les débats d’une part et tant les réponses qui lui sont apportées varient, d’autre part. Voici mon sentiment.
Etre ou ne pas être, telle est la question
L’interrogation elle-même est étrange si l’on y pense: « être de l’écologie industrielle »… qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire finalement?
Tout cela est en effet bien curieux car l’écologie industrielle n’est pas un état, dans lequel on serait ou pas. En particulier, ce n’est pas comme être heureux, responsable, clairvoyant ou allons y tout à fait puisque c’est tendance, économiquement viable, par exemple.
Donc ce n’est pas quelque chose qui est, d’accord, mais alors, est-ce que ce n’est rien??
Parce qu’au fond, si ce n’est rien, rien de spécial ou de particulier et si cela n’a pas de sens de savoir si telle action est de l’écologie industrielle ou si elle n’en n’est pas, est-ce que cela signifie pour autant que toute action et avec, que n’importe quelle action, peut appartenir au champ de l’écologie industrielle?
Si tout peut « être » de l’écologie industrielle, il ne servirait à rien de chercher à la promouvoir spécifiquement, il ne servirait à rien de l’enseigner et il ne servirait à rien, pour les collectivités et entreprises qui souhaitent se l’approprier, vouloir s’entourer de professionnels. On observe pourtant que:
- des travaux spécialisés – et même des blogs!! – sont consacrés au sujet
- des cours dédiés sont dispensés
- des démarches spécifiques sont financées sur les territoire
- des évènements particuliers lui sont consacrés en France comme à l’étranger
- des associations et clubs en ont fait un terrain de jeu privilégié, avec par exemple:
- EIchange
- Club d’Ecologie Industrielle de l’Aube
- Ecopal
- Association Ecologie Industrielle Estuaire
- Orée
- L’Institut de l’Economie Circulaire (à noter, ce sera pour plus tard, que malgré le brouhaha ambiant, je ne pense pas que l’écologie industrielle et territoriale et l’économie circulaire soient des concepts/approches qui se retrouvent parfaitement. Mais cela fera l’objet d’un autre article. Pour l’instant, disons que cela participe d’une dynamique soeur)
- etc.
L’écologie industrielle doit donc bien avoir, en effet, quelque chose que les autres n’ont pas 😉
L’essentiel c’est de participer
La difficulté de répondre à cette question tient peut-être au fait que cette question est mal posée. Ou plutôt et telle que je la comprends, voici comment je la reformulerais: « Qu’est-ce qui relève d’une démarche d’écologie industrielle et qu’est-ce qui n’en relève pas? ».
Le plus intéressant me semble-t-il, n’est en effet pas de déterminer ce qui peut être estampillé écologie industrielle, mais
ce qui concourt à son développement. Dit autrement, quelles seraient les actions dont on peut dire que oui, effectivement, elles participent au déploiement des démarches d’écologie industrielle et territoriale?
Parce que c’est bien de cela dont il s’agit: d’une approche, d’un élan, d’un mouvement, d’une dynamique.
De mon point de vue la réponse est simple: tout ce qui participe à une gestion optimisée des flux de matières et des flux d’énergie, tout ce qui participe à rendre le fonctionnement de nos sociétés davantage compatible avec celui de la biosphère, relève d’une démarche d’écologie industrielle et territoriale.
Alors on pourra poser la question du nombre: oui mais est-ce que si cela ne concerne que 2 activités, on peut appeler cela de l’écologie industrielle?
On pourra encore interroger l’ambition du projet: oui mais si ce n’est que de la collecte mutualisée de déchets, peut-on vraiment parler d’écologie industrielle?
En ce qui me concerne et je sais que tout le monde n’est pas de cet avis, mais en ce qui me concerne donc, je suis partisane d’encourager toutes les bonnes volontés et de laisser le temps au temps. On ne peut pas, de toutes façons, instaurer des écosystèmes industriels aussi matures que Kalundbord du jour au lendemain. Pour rappel, les premières synergies ont eu lieu au début des années 1960 là-bas. Il faut bien commencer par quelque chose.
Donc oui et pour ma part, une coopération économique locale qui ne concernerait que deux activités et même s’il ne s’agit que de s’échanger des palettes usagées, peut être considérée comme participant à la dynamique de construction d’une écologie industrielle et territoriale. C’est peut-être un premier niveau, ce n’est sans doute pas une fin en soi et il y a probablement d’autres actions plus complexes et impactantes à mettre en oeuvre, mais avançons sans complexe, du moment que nous essayons. Voilà, c’est dit 😉
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